Mode responsable : à nous de jouer !

Au quotidien, consommer responsable est en train de devenir une évidence pour nous tous. Réduire notre empreinte carbone, nos déchets, recycler et agir à notre niveau contre le réchauffement climatique… Tant de défis à la fois urgents et qui parfois nous dépassent.

Et qu’en est-il de notre garde-robe ? La mode est en effet une industrie largement pointée du doigt pour son effet néfaste sur l’environnement et ses conditions de travail alarmantes dans la plupart des ateliers de confection. Et si on agissait à notre humble niveau ? La mode responsable, ça nous parle ? Pour nous en (re)donner les bases, balayer les idées reçues et partager plein d’astuces, j’ai eu la joie de parler de ce sujet passionnant avec Corine, Fondatrice d’Amalora, marque de mode engagée et solidaire dont les créations sont 100% issues de tissus upcyclés.

Bonjour Corine. Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Jeanne. Je suis Corine, fondatrice d’Amalora. J’aime la lumière, la vie, les bruits de la nature et mon atelier d’idées !

De quand date ta prise de conscience sur les effets néfastes que peut avoir la mode sur notre planète et les hommes ?

J’ai eu un accident de vie il y a 5 ans qui m’a stoppée net dans un mode de vie très tourné vers la consommation et la fast-fashion. Comme beaucoup de personnes dans ce cas, je me suis recentrée sur l’essentiel, et ce n’était plus les vêtements ou les chaussures. Pour faire mes premières pièces en upcycling je n’ai eu qu’à piocher dans ma garde-robe ! Créer Amalora, marque de mode éthique et écoresponsable s’est alors très vite imposé à moi.

Quels sont selon toi les pires travers environnementaux de l’industrie textile aujourd’hui ?

Je vais commencer par quelques chiffres édifiants. En France, 2 milliards de vêtements sont vendus chaque année, dont moins de 30 % seront finalement portés. Et en 15 ans, la consommation de vêtements dans le monde a augmenté de 60 %. Il faut également savoir que l’industrie textile émet à elle seule plus de gaz à effet de serre que les transports maritimes et aériens réunis.

Ses impacts environnementaux sont malheureusement très nombreux : émissions de gaz à effet de serre, forte consommation d’eau -l’industrie textile consomme à elle seule 4 % des réserves d’eau disponibles dans le monde-, pollution des sols et de l’eau, génération de déchets : L’équivalent d’une benne de vêtements est jetée chaque seconde dans le monde !

C’est sans compter les impacts sociaux de la production de vêtements. Le secteur de la mode emploie 75 millions de personnes dans le monde. L’industrie de la fast-fashion a des conséquences sociales catastrophiques et d’un autre temps comme l’exploitation des enfants, des conditions de travail et de rémunérations indécentes et la surexploitation des femmes.

Quel est le type de vêtement qui a la plus mauvaise empreinte carbone dont la fabrication est la plus néfaste pour la planète ?

Tous les vêtements en matière synthétique et tout ce qui est produit par les enseignes de fast-fashion, voire « d’ultra fast-fashion », ce qu’on appelle la mode jetable.
Le polyester est la matière synthétique la plus produite et représente 70 % de la production de fibres issues du pétrole. Lors de l’entretien de ces vêtements synthétiques, on estime que 500 000 tonnes de microplastiques sont rejetées dans les océans chaque année.

Que conseilles-tu à quelqu’un qui aimerait réduire son impact environnemental, mais qui aime malgré tout s’habiller et jouer avec la mode ?

Dans tous les bons conseils qui circulent sur les réseaux, j’en recommanderais deux, très faciles à mettre en place : Les 3 R et La méthode Bisou.
Les 3 R sont vraiment du bon sens du quotidien.
 Réduire : est-ce que j’ai vraiment besoin de cette veste de la nouvelle collection ?
 Réutiliser : et si je faisais une petite robe pour ma nièce avec mon vieux jean ?
 Recycler : les écorces d’orange, ça va au compost ?

La méthode BISOU propose une approche un peu différente mais très concrète également et s’applique autant aux vêtements qu’aux objets de consommation courante comme les chaussures, la décoration ou les accessoires.
B comme Besoin : est-ce que j’ai réellement Besoin de cet objet ?
I comme Immédiat : vais-je me servir de cet objet dans l’Immédiat ?
S comme Semblable : ai-je déjà quelque chose de semblable ?
O comme Origine : quelle est l’origine de ce produit ?
U comme Utilité : est-ce que cet objet a une utilité quelconque ?

En résumé, faites durer vos vêtements, privilégiez la qualité à la quantité, les matières naturelles aux matières synthétiques. N’hésitez pas à bien regarder les étiquettes des vêtements pour identifier la composition et le pays de production. Et osez la seconde main, pour un look décalé ou plus classique. Les recycleries et boutiques de seconde main fleurissent dans nos villes, pour le plus grand bonheur des chineurs.

H&M, Zara… Doit-on définitivement faire une croix dessus selon toi ?

Je ne vois malheureusement rien de « bon » qui soit proposé par ces enseignes. Les collections sont renouvelées à un rythme effréné, des millions de pièces sont mises en vente chaque année, la plupart produites en Asie, à partir de matières synthétiques. L’enseigne H&M est aujourd’hui accusée de greenwashing. Une infime part des vêtements ramenés dans les bornes de collecte de ses magasins est recyclée. La grande partie de ces vêtements est en réalité revendue, souvent au continent africain et finira en décharge. Encourager les consommateurs à toujours acheter plus est un message qui n’est plus audible.

Pour aller plus loin, aurais-tu des lectures, des comptes Instagram, des reportages que tu pourrais nous conseiller sur ce sujet.

Je vous recommande le reportage « Où finissent nos vêtements » réalisé par Hugo Clément.
Vous pouvez aussi regarder en replay l’émission « Maman j’ai arrêté l’avion » du 8 mars 2023 consacrée à la fast fashion.

Les sites de l’ADEME et de Resfashion (éco-organisme de la filière textile) regorgent d’informations utiles, comme la localisation des collectes de textiles par exemple ou comment réparer son jean.

Les comptes Instagram consacrés à ce thème sont nombreux, je vous conseille @jemerecyle, @girl_go_green, @slowfashion.movement, @refashion pour commencer et vous trouverez bien vite d’autres comptes à suivre.

Et vous pouvez suivre l’actualité et les conférences de Julia FAURE, cofondatrice de la marque de vêtements éthiques « Loom », défendant une industrie du textile écologique et vertueuse, membre du collectif « En mode climat », un mouvement de professionnels du secteur soucieux de réduire l’impact carbone de notre garde-robe.

 

Un grand merci à Corine Germain, Fondatrice d’Amalora : www.amalora.fr

Retrouvez Amalora sur Facebook et Instagram

 

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